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Copyright Vincent Villaret 2015

 

Acteurs
Le Tueur : Thibault Fretay
La Victime : Léna Soussan
La jeune femme : Camille Visseriat

Équipe technique
Assistant Réalisateur : Loïc Richard
Chefs Opérateur : Axel Achour, Loris Lombardo
Assistant Caméra, Opérateur Magic Lantern : Vincent Villaret
Chef Machiniste : Thomas Pujol
Chef Électro : Étienne Cardinal
Ingénieur du son : Jean-Michel Dziedzic
Perchman : Marius Lena
Script / HMC : Juliette Thibault
Chef Régisseur : Arthur Crémier
Régisseurs : Tarek Maslouhou, Jean-Michel Dziedzic

Post-production
Monteur / Mixeur : Vincent Villaret
Assistant monteur : Florent Couloux
Étalonnage : Vincent Villaret

Date de Réalisation : Février 2017

Un film d’ARTOS Production

Voici Madland !
Nous avons tourné ce court métrage avec une esthétique de film noir, tout en respectant les codes du clip, à l’image de l’introduction du film Sucker Punch sorti en 2011 et réalisé par Zack Snyder. Ici, c’est l’histoire d’un tueur en série qui manipule des femmes pour les amener à une mort certaine. Nous avons fait le choix de tourner Madland en grande partie de nuit dans la forêt, pour notamment travailler la lumière et l’éclairage.

Intention de lumière

La lumière est partout. C’est elle qui nous permet de voir les choses et c’est un élément tellement banal que nous l’oublions trop souvent. Pourtant, la lumière est loin d’être uniforme et ennuyante. Elle peut prendre toutes les formes imaginables, se fondre dans un environnement ou au contraire se matérialiser sous forme de rayons. Sans lumière il n’y a pas d’image et c’est la lumière qui donne à voir et qui donne du sens à la scène par la façon dont elle éclaire le sujet, par l’ambiance émotionnelle qu’elle crée. En effet, une lumière trop uniforme et plate prête à l’ennui, c’est pour cela qu’il faut la travailler.
Mais alors comment complexifier cette lumière et la rendre intéressante ?
Dès que j’éclaire mon sujet, je fais automatiquement apparaître des ombres. Je peux alors choisir ce que je fais avec ces ombres, ce que je cache, ce que je montre. Ce sont ces ombres qui donnent du volume et de la profondeur à l’image, qui la rendent « vivante ».

Qualité de lumière
Les techniques d’éclairage, lorsque la lumière peut être entièrement ou partiellement contrôléé, peuvent magnifier la beauté de certains sujets. En effet, l’usage veut qu’on n’éclaire pas de la même façon un sujet féminin (éclairage sensuel, plus uniforme avec des ombres douces et peu marquées pour lisser les formes) et un sujet masculin (éclairage plus marqué, plus contrasté, aux ombres nettes pour cette fois découper et faire ressortir les formes) par exemple. Mais on peut faire l’inverse de manière délibérée pour créer une ambiance différente. Ici c’est le cas, avec la fille blonde, jouée par Camille, que l’on a éclairée délibérément de manière dure et contrastée pour créer une ambiance inquiétante et non pas magnifier sa beauté par une lumière plus douce.

On voulait quelque chose de contrasté, une lumière dure avec des ombres nettes, pour faire ressortir le contour des formes, et pour coller à l’ambiance du film. On n’a donc pas utilisé de diffuseur sur les projecteurs laissés à nu. À noter qu’il y avait un peu de brouillard, ce qui a permis de créer une lumière volumétrique notamment avec les phares de la voiture. Cette voiture qui, grâce à sa surface métallisée, crée de la complexité dans l’image grâce notamment aux variations de lumière que les reflets provoquent. Aussi, elle devient éclairante à son tour grâce au principe de réciprocité (qui dit que chaque objet éclairé devient éclairant) et à son albedo (pouvoir réfléchissant) qui est élevé.

Tournage de nuit en forêt
Aussi, on a choisi de tourner de nuit et non pas en nuit américaine pour avoir un effet réaliste et pour effectuer un véritable travail sur l’éclairage. De plus, à l’inverse de la lumière naturelle du Soleil avec laquelle il faut composer, ici il s’agit de tout recréer de A à Z ce qui demande une démarche et un processus de réflexion particulier.
Le but n’était pas de ré-éclairer toute la forêt, mais de jouer avec les ombres, en recréant un effet de lumière de Lune et en simulant une lumière de lampadaire de bord de route.
Le tournage se déroulant en forêt, il fallait aussi faire attention aux ombres portées sur le sujet éclairé car il y a rapidement des ombres de branches partout. Les projecteurs sont donc placés de façon stratégique pour les faire apparaître ou non.

Noir et Blanc
Le choix du noir et blanc et venu assez vite, car nous recherchions une image contrastée et puissante, et qui corresponde bien à l’atmosphère sombre du film. De plus, enlever la chrominance nous permet de mieux nous concentrer sur les formes et sur la lumière.

Préparation technique

Caméra
Qui dit tournage de nuit, dit peu de lumière, donc il fallait une caméra avec une grande sensibilité pour ne pas voir apparaître du bruit numérique.
Nous avions à notre disposition un Canon 5D Mark III mais même avec les formidables capacités de cet appareil, on ne peut pas capter la lumière de la Lune (à l’inverse du Sony A7s qui fait des prouesses en basses lumières mais qui n’a pas une aussi bonne qualité d’image). De ce fait nous avons dû utiliser des sources de lumière puissantes, et des simples panneaux LED n’auraient pas suffi. Nous avons donc dû ramener sur le terrain une mandarine (800 W) et deux PAR de théâtre (200 W chacun) pour avoir suffisamment de quantité de lumière. N’ayant pas de prises disponibles dans la forêt, nous avons dû louer un groupe électrogène pour pouvoir alimenter ces projecteurs.
Pour ce qui est des réglages de la caméra, nous avons fait des tests et nous avons défini que 800 ISO serait la limite à ne pas dépasser pour ne pas avoir de bruit tout en ayant une assez bonne sensibilité à la lumière, l’intensité des projecteurs n’étant pas réglable.
Aussi, nous avons désactivé le réducteur de bruit car il lissait trop les détails et on obtenait une image trop floue. Si le bruit était trop présent, on préférait le réduire en post-production pour un meilleur contrôle et une plus grande précision du rendu.
Le H.264, format vidéo de base implémenté dans les boîtiers Canon compressant énormément les parties noires et les parties blanches de l’image, nous avons fait le choix de filmer en raw vidéo grâce au logiciel Magic Lantern. Ce qui, de plus, nous permettait d’obtenir une image de meilleure qualité avec plus de détails et de richesse, tout en ayant une meilleure latitude d’exposition en adoucissant les transitions entre les hautes et les basses lumières..

Plan d’éclairage
• On a commencé par définir une lumière principale (Key light) qui va donner une direction à la lumière, ici c’est la mandarine qui est placée en hauteur pour simuler un lampadaire.
• Ensuite nous avons installé une deuxième source (Fill light) qui a servi de lumière de remplissage pour déboucher les ombres et faire ressortir la carrosserie de la voiture.
• Puis nous avons utilisé une troisième source (Back light) pour apporter du contraste à l’image en créant un liserait de lumière qui a permis de dessiner les formes.

 

 

 

 

 

Pour ce plan, quand les personnages s’enfoncent dans la forêt, il a fallu tourner les projecteurs de façon synchronisée avec leurs mouvements de façon à ce qu’on puisse toujours les voir. Pour cela, le PAR a été dirigé grâce à un système fabriqué pour l’occasion.

 

 

Post-Production

 

Le film a été tourné en couleur, puis converti en noir et blanc lors de l’étalonnage pour avoir un meilleur contrôle sur les différents rapports de contraste.
Aujourd’hui, l’étape de la retouche numérique fait partie intégrante des workflows vidéo. En effet aujourd’hui et en comparaison à hier (donc à l’argentique) grâce à nos appareils numériques, il est désormais possible de capter un rendu des plus « neutres », dé-saturé et dé-contrasté un maximum, pour être modifié par la suite avec la plus grande amplitude possible. Les fichiers « bruts » de capteur étant pensé pour cette utilisation, la retouche est donc là pour retrouver la beauté et parfois le grain des pellicules. À l’époque, on choisit la pellicule avec laquelle on voulait tourner en fonction de ses caractéristiques, plus ou moins contrasté, saturé, etc. Maintenant, quand on tourne en numérique, c’est en post-production qu’on fait ce fameux choix.
Ainsi l’étalonnage a deux buts : harmoniser les images entre elles et exploiter toutes les informations contenues dans les fichiers (d’où l’intérêt de tourner en raw avec Magic Lantern qui nous permet d’obtenir des fichiers DNG 14 bits), ainsi que renforcer ou créer le look suivant l’ambiance de la scène.
Il faut savoir cependant que l’étalonneur n’invente pas ce qui n’est pas imprimé dans l’image, il n’invente pas la lumière. D’où l’importance de travailler avec des rushs de bonne qualité et avec un éclairage au top dès la prise de vue, pour pouvoir sublimer ce qui a été tourné, c’est pour cela que l’on s’est appliqué à avoir une image la plus propre possible au tournage.

Pour voir le Making-of c’est ici :

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